Quand Robert Boulin - un des rarissimes politiciens de droite intègre - eut connaissance des procédés de financement du RPR, il fit savoir qu'il ne pouvait plus rester dans ce parti et qu'il allait mettre les journalistes au parfum.
Panique dans le clan Chirac (surnommé "le grand"), avec un argument de plus lié à ce que Giscard pensait nommer Boulin à Matignon. Cela faisait un concurrent honnête à droite à Chirac, et dans le cas qui se précisait il n'avait aucune chance d'être élu face à Mitterrand.
C'est probablement pour ça que l'exécution de Boulin fut salopée à ce point, parce qu'un suicide par noyade dans 50cm d'eau, et pas d'eau dans les poumons, impliquait qu'il était déjà mort, donc que le corps avait été transporté là post-mortem, bref c'était un assassinat.
Qui avait fait le coup ? Selon toute vraisemblance des "barbouzes" du SAC, truands à la mie de pain de fiabilité très aléatoire.
Rappelons-nous que le parton du SAC s'appelait pasqua, bras droit de Chirac.
Mme Boulin fit un ramdam de tous les diables, on la comprend, et Caban alla la voir pour lui recommander ne faire profil bas, avec cet argument très fort : "vous ne connaissez pas ces gens-là, ils sont très dangereux".
Ce qui ramène au SAC.
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Cherchez à qui le crime profite ! Dans cette affaire, le seul bénéficiaire fur Chirac.
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A l'automne 1968, le bros salopard qui allait succéder à De Gaulle s'était déclaré candidat et "on" lui monta l'affaire Marcovic, une manipulation assez infâme qui, en s'attaquant à son épouse (qui avait bien le droit de partouzer) le poussa à faire supprimer le maître-chanteur, mais pas à le zigouiller lui-même, évidemment, il avait des relais, et c'est Delon qui fit jouer ses relations dans le Milieu. L'enquête s'arrêta à un certain François Marcantoni, truand corse qui, pour racheter un peu ses activités dans la "carlingue" (la gestapo française) avait participé au déminage du port de Toulon, avec son pote Delon.
Bref Marcantoni avait un alibi en béton, on avait bien compris que Marcovic avait été exécuté par des sbires à lui, mais il ne fut pas possible de les identifier.
Au positif, le gros salopard fit faire une loi protégeant la vie privée, et ce fut une excellente loi.
Mes sources : un trav de chez Mme Arthur que j'ai bien connu dans les années 73-74 (nous courtisions la même fille) et qui partouzait dans la même boîte du 6e arrt de Paris que le couple en question, et le patron de cette boîte, qui avait monté un club échangiste plus spacieux près de l'Etoile et chez qui j'allais faire mes petites cochoncetés.
Un jour qu'il me parlait de tas de trucs qu'il avait vécus, je lui dis : "tu devrais faire un bouquin, c'est fantastique tout ça" et lui m'avait répondu en rigolant : "je n'y survivrais pas une journée, tu n'imagines pas comme tous ces gens sont dangereux".
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Au printemps 86, quand Mitterrand dut nommer Chirac à Matignon et pasqua à l'Intérieur, ma femme et moi avons eu en même temps la même pensée : "Coluche est foutu".
Et Coluche fut assassiné un mois plus tard.
Cela ne surprit que les naïfs, tant le faux accident était invraisemblable, mais son régisseur s'était "suicidé" l'année d'avant, de 3 balles dans la nuque... Commentaire de Coluche : "cela ressemble vraiment à une exécution".
Les équipes du SAC avaient eu le temps de préparer leur coup et ce fut quand même salopé mais moins que l'exécution de Boulin, dans l'urgence.
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Je suis très férue d'Histoire, c'est un des domaines de la Culture où je touche un peu ma bille, aidée par une mémoire assez peu commune.
Connaître (bien) l'Histoire, qui est la politique du passé, permet de (bien) comprendre la politique du présent et de flairer un peu celle de l'avenir proche. Après il faut bien analyser les événements et c'est là que la mémoire devient essentielle.
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Comme son mentor de l'Elysée (1969-1974) Chirac fut un assassin, on appelle ça "des crimes d'état" et il est toujours très difficile de mettre au trou les donneurs d'ordres, qui ne font jamais eux-mêmes le sale boulot. Les égouts de la politique ont toujours été comme ça, l'Histoire romaine abonde en crimes de toutes sortes et l'Histoire contemporaine n'est apparemment plus "propre" que parce qu'il y a l'information qui circule. Les politiciens des 20e et 21e siècles sont des forbans au moins aussi pourris que l'étaient les contemporains de César, de Caligula, de Dioclétien ou de Constantin.
Qu'on se rappelle comment Louis X "divorça" de Marguerite de Bourgogne, comment Henri VIII divorça d'Ann Boleyn, de Catherine Howard et d'Anne de Clèves, comment la Grande Catherine de Russie parvint à la couronne en faisait assassiner son mari, le tsar Pierre III, par un de ses amants, comment son petit-fils Alexandre 1er fit assassiner son père Paul 1er (un crétin psychopathe), l'Histoire abonde en exemples de crimes de sang dans les hautes sphères, sans aller jusqu'aux 3 monstres de 20e siècle (hitler, staline et mao).
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Et n'oublions pas Lyndon Johnson, qui n'avait pas les cuisses propres dans l'assassinat de Kennedy (un crétin) et qui fut à l'origine d'autres assassinats (Che Guevara, Robert Kennedy et Martin Luther King) sans oublier les témoins de tous ces crimes.
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Face à des criminels de ces calibres-là, que pouvait peser un Chirac ? Pas beaucoup plus que sa marionnette des guignols.
J'aurais quand même bien aimé qu'il fût mis au trou par des juges honnêtes.