Je viens de lire quelques conneries consécutives à mon post, non que leurs auteurs soient des cons mais du fait d'une culture historique pas très bien structurée.
Excusez-moi, mais l'Histoire est ma grande passion, plus grande encore que la musique de JS Bach.
A propos de Robespierre.
Ayant été membre de la Constituante, il était inéligible à la Législative (comme tous ses collègues) et les partis n'existant pas encore à l'époque on le vit - et surtout on l'écouta - dans les "clubs", et c'est aux Jacobins qu'il se fixa.
S'il avait été à la Législative, il aurait certainement combattu avec encore plus de vigueur les Girondins qui mirent la france en guerre contre l'Europe.
Il fut donc élu à la Convention, avec un maximum de voix vu le mode de scrutin de l'époque.
Un homme de la trempe de Robespierre ne pouvait pas grenouiller avec les mous et les ripoux, on le retrouva donc régulièrement au Comité de Salut Public qui - mais qui le sait ? - était renouvelé chaque mois. Il serait absurde d'imaginer Robespierre établissant une dictature, cela ne tient pas debout mais c'est ce que les ripoux qui l'assassinèrent en thermidor an II firent croire à tout le monde, pour mieux se disculper de leurs crimes, un abruti intégral qui s'appelait Michelet avala le python et des historiens aussi sérieux que Guizot et Thiers ajoutèrent une bonne couche à la chape de béton pourri qui ensevelissait Robespierre dans l'opprobre.
Pour en savoir plus :
- une conférence de Henri Guillemin sur YouTube ;
- l'ouvrage de Jean Massin, la meilleure biographie connue de Robespierre. Il est évidemment dans ma bibliothèque.
Robespierre était opposé à la peine de mort et ce fut pour lui un arrachement de devoir voter la mort de Louis XVI. Il avait bien argumenté, en juriste qu'il était, que la Convention était une assemblée législative chargée de préparer une constitution meilleure que celle de 1791 et qu'elle n'avait aucun pouvoir judiciaire. Louis XVI, quand il fut arrêté à Varennes, était tout simplement en train d'émigrer, c'est à dire de passer à l'ennemi en temps de guerre, désertion d'autant plus criminelle qu'il était juridiquement chef suprême des armées.
Bref il relevait d'une cour martiale et il fallait le fusiller - selon les lois de l'époque - mais certainement pas le guillotiner.
Là était le problème de Robespierre mais il vota quand même, parmi les derniers. Condorcet, qui était lui aussi opposé à toute peine de mort, s'arrangea pour se faire porter malade mais cela ne lui porta pas chance et ce fut pour lui un drame terrible.
Lire sa biographie par Robert Badinter, un monument d'érudition qui se lit très bien.
Il fallait guillotiner Danton et là aussi Robespierre fut à la peine parce que Danton était une grande figure, un formidable tribun comme purent l'être dans des genres très différents Mitterrand et... hitler. Mais Danton puisait dans la caisse et détournait le fric destiné aux armées, il répandait une démagogie infâme pour manipuler les Parisiens, c'était vraiment un nuisible dangereux.
Le film de Andrej Wajda, avec Depardieu dans le rôle de Danton, est intéressant à voir mais assez nul sur le plan historique.
Fabre d'Eglantine, comme cul et chemise avec Danton, était un simple escroc, sans grande influence politique. Il y a pourtant à Paris une rue qui porte son nom, un vrai scandale. Il y a aussi une rue Danton, de même qu'il y aura une rue Chirac quand le droite aura repris Paris.
Tous les ripoux sont de droite et ne s'épanouissent qu'avec la droite.
Il n'y a pas de rue Robespierre à Paris (une honte) mais il y en a une à Montreuil (à la porte est de Paris) et il y a une rue Saint-Just... enfin un tout petit bout de rue de quelques mètres en impasse, au nord de l'entrée du cimetière des Batignolles, tout près de mon lycée (je m'y garais souvent).
Robespierre s'était opposé à la loi du 22 prairial an II mais il n'avait pas la majorité au Comité de Salut Public, puis il le quitta pour se soigner (on pense à une tuberculose) et on ne l'y vit plus. On ne le voyait plus non plus à la Convention mais Saint-Just y siégeait et c'était lui aussi un orateur de talent.
Quand plusieurs députés furent mis en accusation pour les crimes qu'ils avaient commis en mission (Carrier à Nantes, Fouché à Lyon, Tallien, Fréron et quelques autres) ils sentirent que le "rasoir national" allait être pour eux. Ils fomentèrent une "journée révolutionnaire" parmi ses sections de la Commune de Paris, avec la complicité très active du maire (un certain Pétion) de Henriot (commandant de la garde nationale) et de plusieurs conseillers, et cette foule en furie déboula à la Convention pour arrêter le groupe de Robespierre. Un garde lui tira un coup de pistolet qui lui fracassa la mâchoire et le lendemain ils furent tous guillotinés.
La bande de Danton avait eu sa vengeance.
Après ce coup d'état des 9 et 10 thermidor An II, l'extrême droite de l'époque, qu'on appela "les thermidoriens", se dépêcha de bâcler une constitution pour se débarrasser de la convention, dont tant de députés avaient disparu qu'elle n'avait plus de légitimité.
On retrouva tous les bandits avec le Directoire, régime ripou de gugusses incompétents, cela traça un boulevard pour Bonaparte.
Beaucoup de gens croient encore que Robespierre était un dictateur sanguinaire, comme un vulgaire Caracalla ou un sinistre Commode (lisez leurs exploits sur le site "empereurs-romains.net"). Rien n'est plus contraire et éloigné de l'Histoire, c'est le résultat de plus de deux siècles de désinformation.
Des horreurs du même genre furent longtemps colportées au sujet de Louis XI, un de nos plus grands rois. Des historiens sérieux comme Jean Favier et Paul Murray-Kendall ont heureusement rétabli la vérité.
Je n'ai pas voulu étaler une quelconque érudition mais rendre justice à Robespierre. Une association d'Arras, nommée ARBR, se démène pour que la maison natale de Robespierre soit convertie en musée et que sa statue soit déplacée depuis le parc du Gouverneur sur la place de l'Hôtel de Ville. Ces gens ne sont pas des guillotineurs sanguinaires, évidemment, et j'espère qu'ils réussiront de mon vivant.
Pendant la Révolution, il y avait d'infinies discussions au sujet du Droit parce qu'à l'époque le droit n'était pas unifié, chaque province avait ses lois et ses coutumes, héritage des temps d'avant leur réunion au royaume de France. C'est Cambacérès, 2ème consul et juriste-expert de Montpellier, puis archi-chancelier de l'Empire qui impulsa la synthèse de toutes les législations locales en un Code Civil et un Code Pénal, et il y avait de quoi s'occuper.
Lire sa biographie par Jean-Louis Bory (les 5 girouettes), très agréable à lire et souvent marrante : Bory était homo et Cambacérès (que Napoléon surnommait "tante Turlurette") avait lui aussi "le petit défaut".
La constitution de 1958 a été rédigée par une équipe de larbins de De Gaulle, dirigée par Michel Debré, afin de légitimer la dictature de ce colonel factieux que tout le monde croit en France avoir été général, mais il était colonel et il touchait une retraite de colonel, sans les avantages des généraux (voiture de fonction avec chauffeur et plaque portant un drapeau tricolore avec étoiles, et autres avantages). Avec cette ignoble constitution, la République était morte, remplacée par une monarchie élective. La "représentation" populaire était revenue à celle mise en place par Thiers en 1875 et les Français, qui croyaient que "De Gaulle avait sauvé la France" et qui en avaient marre de la guerre d'Algérie, votèrent comme des moutons ce texte qui les dépouillait de leurs droits.
L'insurrection de Mai-Juin 1968 fut en grande part le résultat d'un énorme ras le bol de la population, excédée par l'écrasement des libertés et le pouvoir abusif de ripoux qui pillaient le pays sans la moindre vergogne.
Les démagogues reprirent bien vite leurs esprits après avoir été bien échaudés et pour se concilier les Français ils poussèrent le Vieux sur la touche. La droite la plus réactionnaire n'avait jamais pu vraiment contrôler le Vieux, avec son successeur une chape de plomb nous tomba dessus.
Mitterrand portait ostensiblement un chapeau noir (comme Bruant) et un foulard rouge, Catherine Nay en fit le titre de son ouvrage sur Mitterrand : "le Noir et le Rouge". Non pas noir comme le drapeau de Louise Michel ni rouge comme celui d'Auguste Blanqui, évidemment, Mitterrand était un homme de droite qui avait fondé avec le peuple de gauche un parti se disant "de gauche" destiné à le faire monter à l'Elysée.
Lui aussi couillonna bien ceux qui crurent en lui.
Maintenant nous avons Macron, certainement moins toxique que son homonyme d'il y a 2000ans qui aida Caligula (qui couchait avec sa femme) à le débarrasser de Tibère, et qui en fut remercié à la manière romaine : par le poignard.
Je n'incite évidemment personne à aller trucider Macron : lui ou un autre c'est kif kif, c'est une oligarchie d'incapables prétentieux et ripoux qui a le pouvoir politique, manipulée par une autre oligarchie de financiers cupides et plus ou moins véreux.
Comme partout, quand ils ont réussi à détruire l'état de droit... avec la complicité aveugle des foules décérébrées par la propagande, la télé, la presse et tous les démagogues qui mentent plus vite que leurs ombres.
Ce n'est pas demain qu'on verra tous ces enfoirés derrière les barreaux.