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Forum de parapente

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Auteur Fil de discussion: Antifragilité, cygne noir  (Lu 1124 fois)
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PiRK
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« le: 08 Juillet 2019 - 15:29:31 »

Les discussions récentes auxquelles j'ai participé dans cette section me font penser que beaucoup ici ne sont pas familiers avec les livres de Nassim Nicholas Taleb :
Le Cygne noir, Antifragile.

Ce sont des concepts qui me semblent essentiels à comprendre, pour bien appréhender notre vulnérabilité aux évènements extrêmes, et à quel point notre organisation sociale et politique actuelle renforce notre vulnérabilité plutôt que nous rendre plus robustes et résilients.

Un cygne noir, c'est un évènement aux conséquences profondes, qui semblait auparavant impossible à prévoir. Au point que l'idée était souvent tournée en ridicule.
Après la survenue d'un évènement de ce type, on tend souvent à lui trouver des  explications simplistes, pour sous entendre que c'était parfaitement prévisible mais qu'on manquait juste d'imagination. Mais les mêmes personnes seront toujours incapables de prédire l'évènement suivant.

Un cygne noir ne se prête pas à l'analyse statistique mathématique. Il est systématiquement fortement sous-estimé.

Quelques exemples de cygnes noirs : les attentats meutriers (11 septembre 2001, Charlie Hebdo, Bataclan), la révolution industrielle, la réussite spectaculaire de Google à une époque où tout le monde se moquait des firmes technologiques (.com bubble), le tsunami de 2004, la catastrophe nucléaire de Fukushima, l'ouragan Katrina, la canicule récente (certains climatologue auraient pu dire que c'était une possibilité, mais clairment les viticulteurs du Var n'ont rien vu venir)...

L'antifragilité, c'est la capacité d'un organisme ou d'un système à se renforcer suite à des boulversements, notamment suite à des cygnes noirs. C'est une sensibilité positive à l'accroissement de la volatilité (ou variabilité, stress, dispersion, incertitude, et tout ce que l'on associe au champ lexical du désordre) C'est un terme plus fort que robustesse ou résilience, qui se limitent à l'absence de dégats.

Quelques exemples d'antifragilité :
  • les enfants : ceux qui ont le plus d'expériences pendant l'enfance deviennent des adultes plus robustes que ceux qui grandissent dans des bulles de confort et sans stimulation (jusqu'à une certaine limite... le traumatisme émotionnel n'est évidemment pas quelque chose de positif)
  • le système immunitaire
  • l'évolution des espèces
  • certains systèmes en permaculture bien conçus (notamment celui de Geoff Lawton en Australie)

Pour devenir antifragile, il est nécessaire qu'un système ou qu'un organisme subisse les conséquences de ses actes (skin in the game), pour pouvoir apprendre des échecs comme des réussites. L'excès de protection et d'aide/réparation externe fragilise les systèmes.

C'est le reproche que je fais au sauvetage par l'état des grandes banques et de grandes entreprises en faillite : on maintient artificiellement en vie des systèmes défaillants, empêchant des systèmes plus efficaces de les racheter à leur juste prix pour utiliser leur infrastructre à bon escient.

Nassim Taleb définit un autre mot intéressant: fragilistas. Les fragilistas sont ceux qui concoivent des systèmes fragiles. Ils sont des rationalistes naïfs, qui ont une confiance excessive en leur capacité à comprendre tous les tenants et aboutissants des problèmes, toutes les causes et tous les effets. Ils confondent l'inconnu et l'inexistant. Ils se lancent souvent dans des actions ou des mesures dont les effets positifs sont faibles et visibles, mais dont les effets négatifs sont potentiellement sévères et invisibles.

Les fragilistas se placent généralement surtout sur le plan de la théorie, très peu sur le plan de l'action et de l'implémentation.

Les fragilistas dans le domaine de l'économie sont ceux qui pensent que leurs interventions pour réguler les marchés évitent que les catastrophes soient encore pire qu'elles ne le sont déjà, alors qu'en fait ce sont leurs premières interventions qui ont causées la première catastrophe, et  ils se servent de chaque catastrophe comme d'un prétexte pour intervenir de plus en plus.

Dans le domaine du management, les fragilistas  implémentent des solutions bureaucratiques à des problèmes qui sont en fait des problèmes humains, font couler des boîtes avec leurs décisions et accusent à la fin les autres de ne pas avoir fait fonctionner leurs solutions.

Evidemment, tous ces concepts ne sont pas absolus. Tous les systèmes ont des caractéristiques de fragilité et d'antifragilité, c'est  un spectre. Nous sommes tous des fragilistas sur certains points. Mais en être conscient est déjà un très bon début pour s'améliorer.

À partir de ce premier exemple, vous comprenez mieux les caractéristiques d’un système antifragile :

    les sous-systèmes doivent être diversifiés, de manière à ce qu’il y ait toujours des sous-systèmes profitant des événements inattendus
    il doit y avoir un mécanisme de mise à mort des sous-systèmes frappés négativement par les événements inattendus
    la volatilité, à condition qu’elle soit raisonnable, apporte de l’information.

Le secret philosophique de l’antifragilité est de ne pas essayer de prévoir les événements inattendus, qui sont par définition imprévisibles (le fragile s’épuise dans les prévisions vaines, les plans stratégiques, les gros rapports de prospective, d’où les krachs, les catastrophes, les chutes du mur de Berlin, les faillites etc.), mais de travailler la robustesse et l’antifragilité, qui, elles, sont mesurables.

...

Ne pas réprimer la volatilité, elle porte des informations. Réprimer la volatilité, c’est s’exposer à une catastrophe à cause de tous les micro-signaux qu’on a empêchés d’émerger et de tous les micro-ajustements qu’on n’a pas faits.

...

Vous devinez que Taleb est un grand partisan de l’empirisme : mieux vaut que ça marche sans qu’on comprenne pourquoi plutôt que d’avoir une belle théorie et que ça ne marche pas. Il va plus loin : il considère qu’avoir une théorie a priori est un frein au progrès, d’où sa défiance de la recherche fondamentale pour ensuite l’appliquer.

Il faut faire de la recherche par goût du savoir, rien d’autre.

Taleb dresse une liste étonnante de clergymen anglais qui, ayant des loisirs et un hobby, ont fait des découvertes scientifiques.

Taleb n’est pas opposé aux études supérieures, pour faire des honnêtes hommes. Mais si c’est pour enrichir le pays ou faire des découvertes, c’est pure illusion : la richesse ne vient pas des universités, ce sont les universités qui sont un luxe né de la richesse.

Il estime vouée à l’échec la stratégie de certains pays pétroliers d’utiliser l’argent du pétrole pour améliorer le niveau d’études de la population afin de préparer l’après-pétrole. Ce dont ces populations ont besoin et qui leur manque cruellement pour créer une prospérité sans pétrole, c’est de stress.
.
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Charognard
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« Répondre #1 le: 08 Juillet 2019 - 16:05:36 »

Mais sinon PiRK, tu parles de parapente aussi des fois ?  forum de parapente
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PiRK
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« Répondre #2 le: 09 Juillet 2019 - 13:25:08 »

Ca m'est arrivé, oui.
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