+ Le chant du vario +

Aujourd'hui j'ai eu le vol le plus compliqué depuis que je fais du parapente, je passe a l'atero de chedde a 17h15 pour demander les conditions du jour, c'est tonique ya du nord, tu prends des petards violents et des dégueulantes de l'espace, la couche pourri est entre 1800 et 2500m,vu les prévisions c'est normal rien d'étonnant...
Je décolle a 18h de plaine joux dans une masse d'air très agréable, le nord a diminué de moitié, l'instabilité est bien présente mais ce n'est en aucun cas turbulant, en 20 minutes me voilà aux barbulles a 2600m, des thermiques généreux (+4) au vu de l'heure tardive, un vent de Nord Est de 10km/h, a peine sous le vent des fiz, j'entame une transition sur tête noir, arrivé encore bien haut a 1800m, j'enroule quelques petites ascendances, mais rien qui ne me permettra de sortir plus haut que 2000,je refais donc retour vers le déco il est 19h, du monde décolle encore, la masse d'air est encore très généreuse, je remonte au plaf qui est a peine descendu ( 2200m),je commence a avoir une envie pressante et j'ai froid, je vais en vallée pour me rapprocher de l'attero et trouver une degeulante...
Je descend un peu et je me retrouve bloqué entre 1200 et 1400m dans une restit de malade !!!!
Je me fatigue a chercher une dégueulante que je finis par trouver au bout de 20 min entre l'atero de chedde et batistock, je fais quelques léger 360 et me rapproche de la pose de chedde, et la c'est le carnage, je regarde les arbres en dessous de moi et les branches se font remuer dans tout les sens, j'entends siffler dans les feuilles et la manche a air a le tourni. ..
Je fais un tour de frein et me prépare a passer un mauvais moment, et ce fut le cas, une machine a laver pendant 10min a 200m du sol, a contrer des mouvements de tanguage et de roulis très prononcé, a écouter les bouts d'ailes claquer dans mes oreilles, le tout tjs a me demander si je vais poser un jour, je profite d'une très brève fenêtre pour aller poser dans un gradient de malade, hallelujah, j'ai les 2 pieds au sol !!!!! Je quitte la veste car j'ai eu très chaud, et je regarde les autres pilotes qui se font également maltraité juste au dessus, le dernier a poser est un mec en zeno qui frole la correctionnelle en prenant une asym a 10m sol...
Je n'ai toujours pas compris pourquoi l'atero est devenu turbulant et fort en un instant, alors que le vent météo été faible en altitude et qu'il n'y avait plus de soleil dans la vallée depuis 30min déjà...
Un grand merci a Advance d'avoir fait cette iota en béton !

La météo annoncée était assez claire: NE très fort à basse altitude dans l'axe Genève --> Annecy
Les observations du jour confirment, vent très très fort au Salève, vent fort en plaine à Annecy
Le NE rentrait fort jusqu'à la nuit dans la vallée du petit Bornand, ça pouvait aussi bien passer Cluses et rentrer en vallée à Sallanches, du vent à 60kph ne reste pas sagement cloisonné comme les prévisions peuvent le suggérer.

Enfin personnellement avec les prévisions de ce jour la voile est restée dans le sac. C'est mon analyse mais ça peut tout aussi bien être autre chose, d'autres connaissent le secteur bien mieux que moi pour te répondre.
Content que l'attéro se soit bien déroulé pour tout le monde !

si ca peut te rassurer, tu n'es pas le seul  biroute
mais sans doute vaudrait-il mieux ne pas trop te rassuer ;)

Voilà qui illustre parfaitement à quoi on s'expose en volant "à l'abri du vent". Il faut en être conscient quand on décide de le faire (voir post "ça m'énerve"!
Toujours une limite spatiale ou temporelle ou les 2 à cet "abri".
Content que tout se soit bien terminé!

Tout à fait. "Du bon côté du vent" (nord du Salève) aucun parapentiste ne s'est posé de question: un bon 30/50 voir 60 au sol bien chiant en vélo.

Mais merci a Narko pour le retour avec l'ensemble de la démarche. Je trouve que ça fait avancer le chmilblick. A minima ça rappelle à ceux qui décident de voler dans ce type de condition qu'il faut avoir un paquet de marge dans les autres domaine (pilotage de la voile, analyse, mental, énergie disponible...) car tout peut changer très très rapidement.

 :bang:

Voila le parfait exemple du coté sombre de ce type de vol. Depuis quelques jours de vent du nord fort les pilotes du coin se pressent à Passy car 'ça vole'. Effectivement par chance les conditions de la bulle restent cools et les chanceux n'ont pour la plupart aucune conscience de leur statut de miraculés.

Le phénomène que tu décris est fréquent à Samoens par régime de vent NE. On l'appelle 'vent de la Golèse' (vent de la baise  ;) )

En matinée le vent passe au dessus de la vallée protégée par l'inversion. En journée les brises fortes prennent le dessus. Dès que ces brises faiblissent le vent de NE s’engouffre jusqu'au sol avec de fortes rafales. La masse d'air de NE est froide et lourde, elle colle au sol et soulève la masse d'air d'où la restite au dessus de ce phénomène. Au sol l'air est horriblement turbulent avec des rafales puissantes et des accalmies trompeuses.

Très problématique à anticiper, le phénomène s'installe en quelques minutes.

« Posé vivant, posé content » tu as dû sacrément flipper, heureuse que tout cela se termine bien. Est-ce a posteriori tu es en mesure d’expliquer ce à quoi tu as été confronté ?

Mathilde

Edit : merci Patrick pour l’explication très clair dans le cas de Samoëns

 :coucou:  M@tthieu, j'espère que tu lis ce fil ou tu peux apprendre et comprendre aussi ce qui s'est raconté sur celui initié par Patrick sur Samoens et en parallèle sur les "bulles de quiétude".


Peut-être qu'avec ce qui se dit ici, tu trouveras la conduite à suivre...

Merci à Narko pour son témoignage.

c'est marrant, cette impossibilité de ne pas voler... je dois vieillir, mais en ce moment, avec les dépressions qui se succèdent, je fais autre chose en me disant que ça volera plus tard et que je me rattraperai à ce moment-là

 karma+ moi aussi j'ai du mal à comprendre, même à l'époque où je volais beaucoup plus que maintenant je n'ai jamais forcé un vol parce que j'étais en manque, il y a tellement d'autres trucs à faire en montagne que du parapente quand les conditions sont moisies pour voler.
C'est à croire que certains sont toxico au vol!

Je pense que patrick a bien résumé le phénomène

A Passy la situation est très différente entre un vent plein nord et un vent NE.
En NE ("vent du col"), ça rentre par le col d'Anterne et ça dégueule sur Chedde de façon très turbubu.

Comme l'explique Patrick, à Passy ça vole dans la bulle mais cette "bulle" est en partie maintenue en place par l'activité thermique. Quand celle-ci s'arrête, il n'y a plus que le vent qui rentre alors d'un coup.
En N pur j'ai déjà vu la situation suivante: tout se passe bien; le site passe à l'ombre; -4 partout et 5 minutes plus tard tout le monde est posé.

La "restitution" dont tu parles était plutôt une conflu entre le NE et la brise de vallée à mon avis, mais je ne suis pas sûr de mon coup.

Phénoméne commun à beaucoup de sites dit "protégés".

Dans le même genre, hier, à Orcier, j'ai fait un petit vol du matin à la Chapelle. Ça monte de partout et c'est un peu pétard à 11h30 au posé.
L'article sur Parapente + indique de ne surtout pas voler en NE établi, cela ne se sent pas ce matin.
Une fois plié je discute avec Patrick, grand expérimenté qui connait bien le coin, qui me dit ne jamais venir voler à Orcier avec ce NE, trop compliqué et dangereux.
J'ai suivi son avis et je suis allé balader en montagne à la place, vu personne en l'air en Vallée Verte ni aux Brasses.
C'était la meilleure chose à faire.

Pour le sujet initial, j'ai oublié d'ajouter, qu'à mon avis poser à Marlioz (batistock) aurait été moins sous le vent.

J'en suis convaincu, mais quand je m'en suis rendu compte, c'était déjà trop tard

ça me rappelle un cas cet automne par foehn (bien annoncé par la météo). J'avais fait du VTT sous le signal de Bisanne, des rafales à facilement plus de 60-70 km/h extrêmement turbulent. En rentrant j'étais passé par Doussard (20 km de Bisanne) et là du monde en l'air. Effectivement ça ne semblait pas être particulièrement malsain vu du sol mais je m'étais quand même dit que de se mettre en l'air par des conditions aérologiques pareilles c'était avoir une sacrée épée de Damoclès au dessus de la tête. Un moindre changement d'orientation du vent, un moindre changement d'intensité et le foehn pouvait rentrer sur le lac d'Annecy et rendre les conditions de vol particulièrement désagréables et engagées.

Une des raisons de se mettre en l'air quand c'est pourri pour certains, c'est d'avoir une vue d'ensemble très restreinte: mon deco, mon atterro, ma balise qui va bien, je vole.