Bonjour,
Je débarque un peu sur le forum. Je ne me suis pas encore donné la peine de vous lire tous. C’est pourquoi je vous fais part de mon avis seul, sans préjugés ni jugement sur telle ou telles remarques d’entre vous. Je me permes de vous raconter mon parcours de libériste afin de vous faire comprendre mon point de vue. Désolé si c'est un peu long... Mais avec ce temps, on peut prendre 5 minutes pour lire
Cela fait 7 ans que je possède mon brevet de parapente. J’ai appris et fait mes premiers « sketchs » en Epsilon3. Puis, après avoir essayé bon nombre d’ailes, ai fait « le saut » pour acquérir une Massaï. (Qui était une aile compète mais à la fois sûr et très ludique. Certes, pas vraiment terminée d’un point de vue développement car très fragile accélérée.) Je savais pertinemment que je sautais une étape en passant d’une voile DHV 1-2 à une aile non homologuée… Mais je n’ai pas fait n’importe quoi n’importe où, au début du moins. J’ai fait 3-4 compètes, dans le but d’apprendre à voler loin et, si possible, assez rapidement. J’ai volé cette aile 3 ans, en la respectant au début puis, au fil des vols, « tapé dedans » comme un porc en faisant des décrochages dynamiques, SAT et autres hélicos. J’ai beaucoup appris en faisant ces figures pas très « catholiques », que j’ai effectuées avec de l’eau sous la quille. Jamais je ne me suis mis en péril en les effectuant. Par contre une fois, en « bête » soaring, le cul dans les arbres, je me suis placé dans la turbulence d’un biplace… Erreur très bête à mon avis. Grosse assym., laisser m’embarquer pour éviter le décrochage, autorot’, corrections juste au bon moment et ouf ! Sorti 15m au-dessus des cimes. A l’époque je me suis dit : « Jamais je n’aurai le temps de tirer le secours ! » Avec du recul, je suis certain que si, je l’avais. Et cela aurait été LA solution à prendre. Le risque était beaucoup plus grand de se fritter dans les arbres en voulant à tout pris ré-ouvrir, que de tirer immédiatement la poignée.
Autre anecdote : Après 3ans de bons et loyaux services, j’ai décidé de laisser ma Massaï pour acheter une autre aile compète. La Boom5, bien que bientôt dépassée mais facile à trouver sur le marché de l’occasion à bon prix (Les voiles compète se vendent généralement à bas prix, au grand dam de son vendeur…). C’est ainsi que l’importateur Suisse me prête l’ancienne Boom à Anja Kroll. Autant dire que l’aile a bien des heures derrière elle… C’est au Markstein que je ferai mes 2 vols d’essai. Certain s’en souviennent encore ! Qques gonflages avant de décoller sur ce superbe déco. Je me sens tout de suite à l’aise, le virage étant léger et agréable, l’aile avance. C’est beau !!! Posé 3-6… Pas très malin c’est certain avec une aile que je ne connais pas !
Le 2ème vol me remettra tout de suite en place. Encore qques gonflages dans le vent qui a forci et hop ! Je tiens 3-4 minutes en soaring et file direction l’attéro, à la crête. 100m ( ?) environ au-dessus des arbres. Je détrime un peu, 1-2crans je ne sais plus, ça file ! Puis, pensant inutile de remettre le trim au neutre, je pousse le barreau. Evidemment mon accélérateur n’est pas réglé, et les genoux recroquevillés, je suis à environ la moitié du débattement je pense. C’est tout instable dans ma sellette mais tout euphorique de la vitesse que je pousse encore… et… PAF !!! Tout sur la gueule ! L’aile part environ 75-80° derrière, comme en stall dynamique ! Bon ben lâcher, freiner…mmer…cravate 1/3 droite, coup d’œil en bas, décrochage, cravate sortie mais… grandes oreilles cette fois ! Ca parachute, coup de freins, rien, heu… pousser des 2 mains les A… toujours en parachutale. Bon ben cette fois, les arbres sont méchamment proches ! A ce moment, le truc que je me dis ?!?
« Ah nan, je vais quand même pas tirer le pépin ici au milieu, à des km de chez moi ?!? »
Eh ben si ! Là j’ai plus le choix. Poignée, arbre devant, bretelles tendues, pas le temps de prendre les élévateurs dans les mains que je suis perché à 25m de haut. Au moins la vue est belle !
Les secours environnants, mes amis et moi rentrés, je réalise soudainement une chose…
J’ai failli ne pas tirer le secours !!!
Sur le moment, comme dit plus haut, cela m’embêtait de le tirer et m’a porté à l’hésitation, l’hésitation de sauver ma vie !
Finalement, la Boom5 m’ayant énormément plu, je trouve une bonne occase avec peu d’heures de vols. Je vole également 3 ans avec, mais sans faire de compètes. Mon emploi du temps ne me le permettant que rarement. Mais les beaux cross s’enchaînent, mon 1er 100km, 125… Bref, cette aile me procure un bonheur inlassable. Cependant, inconsciemment et suite à ma mésaventure dans les Vosges, pratiquement je n’oserai accélérer franchement, me limitant à jouer avec les trims principalement. Mon 1er secours ayant laissé qques séquelles au mental… Mais en contre partie, plus les vols s’enchaînent, plus j’ose refaire des figures avec. Certes moins radicales qu’avec la Massaï mais je suis très rassuré de ce côté-là. Puis, l’année dernière, ma Boom5 prenant des rides, la fameuse R10. 3lignes, 2 lignes… Un ami profite d’une bonne affaire et me donne terriblement d’essayer cette nouvelle génération d’aile. Mais c’est sur l’U6, elle aussi en 2lignes, que je craque. Jamais je ne me suis senti aussi sûr sous une aile. Sous une aile de compète devrais-je dire pour certains. Pour moi c’est la plus sûr tout court. Mes essais d’ailes ayant commencés l’année dernière, j’ai tout d’abord testé l’U4 et ensuite l’U5. L’hésitation fût longue, jusqu’à ce que sorte l’U6. Je passe commande en Mars, m’inscris aux 3 Swisscup. N’ayant pas reçu mon U6 pour le Salève, c’est sous une U5 que je participe à ma 1ère compète depuis 3 ans. Les conditions ne me plaisent pas du tout. La brise + ou – thermique et le vent de plaine s’appuyant contre le versant Sud-Ouest du Salève, le vent météo, quant à lui, vient du Sud. En bref, du soaring sous le vent. Certains s’en sortent très bien, d’autres, comme moi, ne sont pas très à l’aise. Mais comme souvent, une fois le casque sur la tête, le bouton tourne sensiblement sur « OFF »… Et c’est ainsi que je commence à pousser, un peu plus au fil des minutes, voyant que je peux en rattraper qquns. Et comme un âne qui vole sous une aile qu’il ne connaît pas encore, de surcroît sous le vent, pousse jusqu’au vrac. Comme dans les Vosges, l’aile part très loin derrière et se replace sur la tête en forme de crevette, plume contre plume et bord d’attaque en arrière. Je lâche tout en me disant qu’elle va bien revoler. Mais c’est très logiquement qu’elle reste dans cette position et se met à parachuter. La situation ressemble cruellement à celle vécu il y a 3 ans ! Mais cette fois, j’y suis préparé. Je freine pour rouvrir l’aile, mais appuyant un peu plus à droite qu’à gauche, elle cravate de ce côté et commence à tourner. Je suis à 150m/sol environ, mais au relief. Donc si je me déporte contre celui-ci, les 150m n’ont plus grande importance… J’estime le temps suffisant pour tenter qqch avant de sortir le pépin. Je me laisse embarquer pour garder de la vitesse, dans l’autorot’ je prend ce qui me semble être LA bonne suspente pour enlever la cravatte. Coup d’œil en bas… Je crois lâcher la suspente pour prendre la poignée que CLAC ! Ca rouvre et c’est assez bas que je sors de la spire. A aucun moment je n’ai paniqué ou perdu l’orientation et mes repères. L’idée imbécile de ne pas vouloir tirer le secours ne mais pas venue à l’esprit. J’ai continué la manche en restant prudent, n’accélérant que quand j’étais sûr d’être assez loin des turbulences et du relief. Peu importe le résultat au classement, ce jour-là j’ai encore appris à piloter mieux et plus sûr. La 2ème manche du lendemain se déroule sans encombre, la 2ème Swisscup également (toujours avec l’U5), dans des conditions assez musclées suivant les passages. Pour ma 3ème compète de l’année, c’est le matin même que je reçois ma nouvelle bête, l’U6. Je n’avais fait que 2 vols d’essai auparavant. Le 1er vol ne durant que 5 minutes, le suivant durera une bonne heure. Me montrant les qualités démoniaques de cette aile dans le petit temps, dans le thermique, dynamique, restit, et…réouverture ! A nouveau, tellement à l’aise sous cette aile, après avoir accéléré franchement, avec beaucoup de hauteur, c’est en passant sur l’attérro que je fais mon erreur. J’arrive vent de cul, vitesse sol de 80km/h (!!!), 30m/sol sur le village aux abords du terrain. C’est encore une fois très bêtement que je passe dans les turbulences des habitations que la frontale arrive. Je relâche l’accélérateur et donne un coup de freins que l’aile est déjà ouverte. Je n’ai même pas levé la tête tellement je me sentais bien sous cette aile. Le vol se poursuit tout à fait normalement et je pose sans encombre, sourire jusqu’aux oreilles. Plus tard, une personne au sol me montrera la scène qu’il a filmée de A à Z. L’aile avait en réalité fermé à 80-85%... !
Si je vous ai raconté tout ça, c’est pour vous montrer que, suite aux qques avertissements que j’ai eu, j’ai essayé d’en prendre des leçons. Parfois dans l’immédiat, d’autre fois un peu plus tard. Mais ce qu’il en ressort, c’est que l’évolution de nos ailes, homologuées ou non, nous a mené à voler sous des machines performantes, toujours plus sûres (à comparer des voiles précédentes dans les mêmes catégories !). Dans mes expériences, j’ai failli ne pas tirer le secours pour la simple raison que, sur le moment, cela me faisait chi… de le faire ! Il y a 2 ou 3 ans, j’ai vu un pilote partir en autorot’ suite à une fermeture, à environ 150-200m au-dessus de la crête. Il n’a jamais tiré le secours alors qu’il avait très largement le temps… Il n’est plus là aujourd’hui pour raconter sa mésaventure…
Je veux en venir que LE GRAND DANGER pour l’homme, qu’il vole, fasse de la moto, de la course ou non, de l’escalde, etc., c’est L’HOMME lui-même! Arrêtons de trouver à chaque fois une excuse, mettre la faute sur le matériel, les conditions. Nous devons être capable de renoncer à voler ou décider de poser lorsque l’ont n’est pas sûr à 100%. Certains critiquent Chrigel Maurer qui a volé dans des conditions dantesques à l’Xalps.
Chrigel est qqun qui accumule les heures et expériences de vol comme vous respirez ! Il conçoit sa propre aile, son matériel, etc… Un compétiteur fait le choix, doit faire le choix de voler ou non dans les conditions qu’il juge acceptables ou non, pour SON niveau de pilotage. Le gros danger des ailes non homologuées de dernière génération, est qu’elles sont si sûrs, que les pilotes peu ou pas assez expérimentés, font n’importe quoi avec et se mettent dans des situations bêtes et dangereuses ! Il faut arrêter de prétexter que l’aile est dangereuse. Personne ne vous, ne nous force à voler sous ces ailes. Personnellement, je trouve l’interdiction des ailes non homologuées très mal venue, surtout en milieu de saison. Certes, il est grand temps de prendre des mesures, mais il faut commencer par le bon bout ! Qui peut voler avec quel matériel ? Qui est capable de réagir dans les moments extrêmes voir hors du domaine de vol de ces nouvelles ailes ?
Pourquoi ne pas imposer une « formation pilote de compétition », comme en rallye par exemple ? Et surtout, au niveau du grand public volant, un élément que j’ai du mal à réaliser tellement la situation actuelle est absurde et IRRESPONSABLE…
IMPOSER LE BREVET !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
D’accord, en compète, sans brevet, ça le fait pas. Mais Commençons déjà par là non ?!?
J’aimerais m’exciter sur mon clavier encore des heures, mais cela ne servirait peut être pas à grand-chose… Mais voilà mon point de vue. La société d’aujourd’hui nous mène à consommer, encore consommer, nous déresponsabiliser et mettre la faute sur ceci ou cela, comme une fatalité. Mais prenons-nous en main et grandissons !
A bon entendeur.
Bons vols à tous.