Lors de mon dernier stage cross, avec les Grands Espaces, j'ai pris un vrac mahousse en montant aux Dents de Lanfon, un secteur que je pratique tous les jours, et un autre dans la transition du Charvin à la Dent de Cons, secteur que je découvrais.
Et quand je dis "vrac", ce n'est pas un frisottis de bout d'aile, c'est la voile sur la gueule plus "cher" que dans tous mes stages SIV. Un poussin à 50vols ne s'en serait pas tiré comme ça et que ce soit aux dents de Lanfon ou à la dent de Cons, les arbres sont des résineux hostiles et hauts sur des pentes raides. Ce ne sont pas des taillis débonnaires.
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Dans ce stage, après le vrac aux Dents de Lanfon, j'avais perdu de l'altitude et il fallut attendre le thermique de service pour remonter. La suite, c'était de Roc des Boeufs, pas de souci je connais... mais après il fallait traverser sur la Margeriaz et je découvrais, j'étais toute seule, bref cela n'avait plus rien d'évident quand les autres étaient déjà la la Dent d'Arclusaz. Ballottée dans du turbulent, je finis par aller poser à Plainpalais pour appeler la récup.
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A mon avis, un poussin qui aurait échappé aux arbres sous les Lanfon serait allé se poser rapidos, les lieux ne sont pas complètement évidents quand on ne connaît pas, et pas toujours simples quand on connaît.
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Je me rappelle aussi un but à Bange, avec du sud. Tout le groupe de Joël Favre était par terre, tout le mien aussi sauf le moniteur et moi, ratassant dans du tout petit pour tenter de remonter au Semnoz. Un poussin aurait été posé depuis longtemps.
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Il ne faut pas rigoler avec les stages cross, on peut avoir de très vilaines expériences si on ne maîtrise pas sa voile au petit poil en toutes circonstances, avec des réflexes éduqués pour gérer le vrac qui montre les dents une fraction de seconde avant qu'il ne morde.
Tu fais quoi, petit, si tu encaisses un énorme thermique sur une demi-aile, avec un violent départ en vrille ? Cela se travaille en SIV et faire du cross quand on n'a pas de solides compétences de ce genre s'apparente à la roulette russe.
Avoir le moral et l'attaque, cela aide quand on sait voler. Quand on ne sait pas encore, cela augure d'un exercice de spéléo en costume de bois.
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En parapente, comme en alpinisme et en mer, le moment le plus dangereux est celui où on commence à avoir confiance en soi, c'est toujours l'imprévu qui arrive et les rappels à l'humilité peuvent être extrêmement sévères.
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Je te suggère de faire plutôt un stage de perfectionnement, puis de voler quand les conditions seront favorables, d'accumuler des observations, des vols et du temps de vol et quand tu te seras fait peur quelques fois ce sera le moment de faire un 1er SIV (parce qu'il y en aura d'autres).
Après, disons à 500 vols dont deux stages SIV de niveaux avancés, tu pourras envisager un stage init-cross, et plus tard un stage cross mais n'imagine pas faire comme ça 150km, un vol de 30-35km c'est déjà pas mal pour apprendre beaucoup de choses... et si un jour Joël Favre t'accepte dans un de ses stages, tu pourras commencer à penser que tu es au niveau pour voler avec lui.
Va le voir maintenant avec tes 50 vols et il va t'envoyer chier avec un haussement d'épaules et une moue méprisante, ce n'est pas un diplomate qui prend des gants blancs pour envoyer des fleurs.
Ce qui fait la renommée de Joël, outre son immense compétence, c'est qu'il connaît les gens qu'il emmène voler et qu'il constitue des groupes assez homogènes qui sont capables de voler avec lui, il ne laisse jamais un stagiaire à la traîne qui aurait loupé le thermique du jour. Il a un caractère "difficile" mais cela cache un type formidable.
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Arme toi de patience et prends le temps d'apprendre.