...
Visiblement je suis le seul a voir Bertrand gagner! ...
Non, tu n'es pas le seul, j'espère que POB aussi pense qu'il peut gagner...
Bien vu Tibo ! Bertrand et Max ont été les seuls à claquer la balise de l'Obiou en vol, Max le premier parce qu'il avait pris une bulle sur la face S du Thabor pendant que Bertrand s'était fait enfoncer, ce qui l'obligea à se battre plus d'une demi-heure pour rester en vol, avant de partir vers l'Obiou, que Max venait de passer.
J'étais au carrefour de la route de Ponsonnas, au sud de La Mure, avec le suiveur de Max et nous les avions en visuel.
Il faisait atrocement chaud et tout s'est mis en mouvement, nos deux lascars sont montés au plaf puis à fond de barreau vent de cul, entre 60 et 70km/h tout en ne perdant pas d'altitude.
Arnaud Baumy était à Vizille, en basses couches et il ne montait pas, Max le grattait, grattait... et il est passé à 15h58, juste avant la clôture de l'épreuve.
Si la clôture avait été à 18h, Max et Bertrand claquaient tranquilles la balise de la Dent de Crolles et faisaient 2ème et 3ème, Jérôme et Arnaud étaient en bas sans aucune chance de remonter à St Hil.
Tout s'est joué vendredi et samedi.
Vendredi, Antoine Girard dit « le mutant », qui était en tête depuis le départ, était posé à Val Pelouse, en stand by, quand il a vu passer Bertrand et Max. Cela l'a énervé et il a décollé pour leur coller au cul. Au Grand Replomb, c'était tout bouché. Bertrand et Max étaient posés dans le pierrier et se demandaient ce qu'ils allaient faire quand ils ont vu arriver un « dingue » qui s'est jeté dans le pierrier, a emballé sa voile à la sauvage et cavalé vers le sommet, dans le nuage, à la vitesse d'un ascenseur.
Les deux autres firent comme lui, deux pas en avant pour un en arrière, mais ils avaient perdu du temps et « le mutant » redécolla le premier.
Ils étaient ensemble en arrivant à Chamrousse, dans un vent épouvantable. Le « mutant » se jeta dans un trou pourri, la voile dans tous les sens à une vitesse impressionnante. Max et Bertrand, ayant envie de rester en vie, se posèrent au-dessus de St Martin d'Uriage.
Ils avaient perdu la course mais vendredi soir ils étaient 2 et 3... et ils pouvaient se refaire si c'était beau samedi.
Samedi matin, « le mutant » commença à marcher à 6h vers l'Obiou, ses poursuivants vers la Croix de Chamrousse. Max avait les pieds et les genoux dans un état impressionnant, Bertrand juste une ampoule naissante, j'ai eu le temps de descendre à la pharmacie de St Martin pour acheter du Compeed et remonter le soigner.
A la Croix, le vent était N fort, ils ont décidé d'attendre... et c'est là qu'on a vu arriver Jérôme, qui s'est posé au Recoin et a redécollé très vite, puis Arnaud est arrivé juste derrière. Le temps de décoller, Max et Bertrand étaient 4 et 5. Ils se sont posés à l'Alpe du Grand Serre et les autres étaient en vallée, pour attaquer à 6h la montée à l'Obiou.
J'ai beaucoup aimé ce raid, l'ambiance entre les équipes d'assistants, la convivialité et l'entraide.
Le meilleur en vol, ce fut évidemment « mon » Bertrand, qui n'a pas pris de risques et a poudré tous les autres. Meilleur vol depuis le col des Frêtes (posé à St Jean de Sixt), meilleur vol depuis Croisse Beaulet (posé à St Martin d'Uriage) et il avait pour assistante une vieille dame que tout le monde connaît, même à St Hil où je n'avais jamais mis les pieds depuis la Coupe Icare 2007, à mes débuts.
Pour la petite histoire :
Mardi 21 à Aillon le jeune : orages furieux, bivouac dans la voiture pour Bertrand et sous la tente pour moi... sous une immense tente pouvant accueillir 100 personnes.
Mercredi 22 : Bertrand a dormi chez lui et moi dans ma caravane à l'atterro de Planfait. Beaucoup de pluie.
Jeudi 23 : même bivouac au Plan (La Giettaz) avec les Belges et Bill, le pilote néo-zélandais.
Vendredi 24 : excellent lit chez une amie de la mère de Bertrand à St Martin d'Uriage.
Samedi 25 : bivouac 3 étoiles dans une cabane de pisteur non fermée à clé en haut d'un télésiège.
J'ai un peu crapahuté avec mon pilote, pour l'accompagner et lui soutenir le moral.
Col des Frêtes : Bob et Eric accompagnaient déjà Bertrand, je suis montée avec eux pour leur montrer un raccourci.
Croisse Beaulet, c'est 1000m en 2h15, il y avait du monde en haut dont Arnaud Baumy.
A l'Alpe du Gd Serre, j'ai accompagné Max et Bertrand au déco du Merdaret, 700m à la montée (pas de sentier) et 1000m à la descente.
Ce lundi matin, encore 1000m pour monter aux Frêtes et voler un peu, après 10 jours sans. Cela fait du bien.
Avec des conditions météo normales de juin, Bertrand fumait tous les autres, c'est une évidence quand on a vu voler tous les concurrents. C'est lui qui a fait le vol le plus long, qui a le meilleur ratio temps de vol / temps de marche et il est le seul à avoir fini avec des pieds intacts. Ceux qui auraient parié sur lui (dont moi) auraient gagné. Handicaps : la R10 avec laquelle il a volé est celle de Victor Sebe, elle est bien rincée (elle a fait toute la saison 2010 avec Seïko) et il était trop léger, il devait embarquer des cailloux à chaque déco, en plus de l'eau. S'il avait reçu sa R11 à temps pour pouvoir voler un peu avant la course... mais avec des si on en ferait des choses !
Il y a eu quelques pilotes qui ont grillé des cartouches et risqué leur peau. Le mutant à Chamrousse et Gérald Delorme quand il a décollé dans du gros au Gd Colombier. J'étais sur la route descendant à St Jorioz quand je l'ai vu passer derrière le Roc des Boeufs, à plus de 60km/h avec la voile flappant dans tous les sens. Il évita par ce vol 13h de marche et il alla claquer la balise des Frêtes avant de poser à Planfait. Après, il a fait des mauvais choix et il s'est enterré.
Antoine Desvallées a abandonné à cause de ses pieds qui lui permettaient de voir clair la nuit tant il avait d'ampoules, et un peu aussi à cause d'une grosse baisse de moral quand il a vu les copains passer comme des balles au-dessus de lui. C'est un super-pilote et il est très endurant, mais que faire avec les pieds en sang ?
Il y a eu un autre abandon d'un pilote qui s'était bigorné les genoux.
Un seul concurrent est parti vers le sud, un Anglais évidemment. Il n'a jamais été dans le coup.
Au final, je garderai un excellent souvenir de ce raid et je suis partante pour le refaire, et cette fois aider un peu mieux "mon" pilote à gagner. C'est le meilleur et je serai plus affûtée l'an prochain, pour une assistance encore plus efficace.
Salut et fraternité.