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Forum de parapente

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Auteur Fil de discussion: le syndrome de l'expert  (Lu 3363 fois)
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Aile: Swift6
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WWW
« le: 06 Décembre 2018 - 16:20:35 »

excellent article qui explique pourquoi les guides experts en montagne se plantent tout autant que les novices :
https://www.montagnes-magazine.com/actus-de-logique-plaisir-strategie-evitement-resoudre-syndrome-expert


il me semble qu’on peut transposer beaucoup de choses de cet article  au vol libre. Qu'en pensez-vous?
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ALPYR
Invité
« Répondre #1 le: 06 Décembre 2018 - 17:45:07 »

Quelques mots qui changent tout, j'en ai peut-être loupé quelques-uns dans le copié/collé :

De la logique du plaisir à la stratégie de l’évitement : résoudre le syndrome de l'expert
En milieu aérien, pourquoi les pratiquants avertis se font-ils surprendre dans des conditions qu’un novice aurait identifiées comme dangereuses ? Dans un billet posté sur son blog, le moniteur Denis Crabières, ancien président du SNMVL, s'est penché sur la question, alors que les moniteurs semblent avoir entériné un changement de culture.


Les avancées techniques et scientifiques n’ont pas manquées ces vingt dernières années
Qu’il s’agisse des dispositifs de recherche de victimes en vol de distance, des connaissances sur les mécanismes des vracs, d’outils d’aide à la décision ou d’innovations cartographique, les avancées techniques et scientifiques ont amélioré la sécurité des pratiques en milieu aérien.
Pour autant le nombre de personnes décédées est resté relativement constant et cette situation interroge. Jamais les connaissances et les moyens n’ont été aussi puissants et accessibles sans que cela paraisse réduire significativement l’accidentologie des pratiques. Ce problème reste toujours posé, particulièrement en ce qui concerne les pratiquants avertis et les cadres professionnels ou fédéraux (que nous dénommerons ici « experts »), dont l’actualité démontre trop régulièrement la vulnérabilité.

Jusqu’aux années 2000, une pédagogie de formation professionnelle en partie inopérante
Pour un grand nombre de moniteurs de parapente toujours en activité, la formation aux pratiques engagées qu’ils ont vécue dans les années 90/2000, relayait quelques croyances implicites ou explicites qui brouillaient le message général de méfiance à l’égard du milieu. Un message alors insuffisamment ancré dans les fondamentaux de la formation.
La première disait l’aérologie de montagne lisible grâce aux apports scientifiques et à l’accroissement de la connaissance. « Élargir ses connaissances accroît la qualité du jugement ».
La seconde partait du principe qu’en recueillant un grand nombre d’informations, nos analyses seraient plus justes. « Plus je prends en compte de paramètres, meilleure sera ma décision ».
La troisième était de croire ce milieu prédictible et que les bonnes décisions résultaient de l’accumulation d’expériences. « L’important, c’est d’être sur le terrain ».
La quatrième voulait que le moniteur procure une activité gratifiante. Sa valeur ajoutée : le meilleur vol, les premiers thermiques et les plus beaux plafonds. « Beau vol= bon moniteur ».
La cinquième ancrait l’idée selon laquelle l’expert est en capacité d’agir quand les autres ne le peuvent pas. « Les conditions sont risquées, sauf pour moi ».
Ces croyances étaient confortées par la facilité de compréhension qu’offre l’analyse « a posteriori » d’évènements accidentels. Une facilité qui occulte, comme dans beaucoup d’autres domaines, qu’une fois les faits connus, beaucoup de choses apparaissent évidentes. Elles négligeaient également le fait que l’expérience de l’aérien en montagne n’est pas probabilisable (les chances d’éviter l’accident n’augmentent pas avec le nombre de sorties « réussies ») et que le recours au « vécu » n’y est que d’une utilité partielle. Enfin, construites sur l’analyse et la logique, elles écartaient tous ce que l’esprit humain peut comporter d’irrationnel.

Le mythe de l’homme rationnel, l’échec de l’appel à la raison
Qu’on le veuille ou non, nous ne sommes pas aussi rationnels que nous le croyons. Notre personnalité est affectée par toutes sortes de biais qui viennent altérer notre objectivité, la qualité de nos analyses et de nos décisions. C’est un fait identifié depuis longtemps et amplement documenté par un grand nombre de recherches et d’études (voir parmi tant d’autres, Kahneman et Tsversky, Y. Mac Cammon 2005, V. Berthet 2018…). Cette irrationalité est probablement une raison de l’échec des méthodes de réduction du risque d’accident en vol par calcul d’indice et explique ceux de nombreuses campagnes de prévention conduites dans d’autres domaines. Certaines, d’ailleurs, ont trouvé par la suite, d’autres formes de communication pour véhiculer plus efficacement leurs messages.
« […] La pensée rationnelle sert très peu à éviter les risques. Elle semble essentiellement servir à rationaliser nos actes en leur injectant un peu de logique. »  N. N. Taleb
La montagne, un univers complexe où règne l’incertitude
Cette irrationalité de l’esprit humain vient croiser toutes les incertitudes qui habitent l’univers complexe de la montagne, particulièrement lorsque son aérologie est active.
Un univers complexe se caractérise par un grand nombre d’éléments connus et inconnus dont certains sont favorables et d’autres défavorables ou ambigus. Leurs interactions, innombrables et changeantes, sont parfois repérables, souvent cachées et parfois imprévisibles. Les univers complexes sont en partie lisibles et compréhensibles mais recèlent également une part toujours variable de zones d’ombre et de surprises potentielles. Toutes les caractéristiques d’une aérologie de massif en journée…
Dans de tels contextes, le recours à l’analyse est limité, tout comme l’appui sur l’expérience. La probabilité réelle que la situation du moment concorde avec des expériences antérieures n’est pas suffisante pour aboutir à des certitudes et n’empêchera pas la possibilité d’un évènement inattendu. De nombreux récits témoignent de l’effet de surprise suscité par des vracs soudains.
« Dans un monde incertain, de bonnes décisions peuvent conduire à de mauvais résultats et vice versa. Si vous écoutez attentivement le discours ordinaire, vous verrez que cette distinction n’est en général pas effectuée. Si un mauvais résultat suit une action, les gens disent qu’ils ont pris une mauvaise décision. Faire la distinction permet de séparer l’action de la conséquence et ainsi d’éprouver la qualité de l’action. » Howard, 1988
En montagne la diversité des terrains abordés comme de leurs conditions du moment peut nous faire passer en quelques instants d’un environnement simple de compréhension aisé à une situation de très grande incertitude aux décisions difficiles, avec toute la gamme des intermédiaires imaginables. Ceci impose une capacité de mobilisation psychologique qui supporte mal la tentation du relâchement à laquelle nous sommes tous exposés.
Ces constats, d’autres les ont déjà faits (G. Desmurs, 2017), et des réponses ont été apportées. En témoigne, notamment, le concept de vigilance encadrée qu’Alain Duclos a conçu et développé et qui constitue une vraie avancée en matière de gestion des risques. 
« L’objectif n’est plus de prévoir les vracs ou d’estimer précisément le risque, mais de ne plus se faire surprendre dans des conditions qu’un novice aurait identifiées comme dangereuses » A. Duclos, 2011

Le syndrome de l'expert
Alors pourquoi en ajouter une couche ? Peut-être pour tenter de répondre à cette question, simple d’apparence : pourquoi les experts, professionnels, pratiquants avertis, cadres fédéraux se font-ils « … surprendre dans des conditions qu’un novice aurait identifiées comme dangereuses » ?
Cette interrogation préoccupe depuis longtemps tous celles et ceux qui s’impliquent sur ces sujets et de nombreux progrès ont suivis leur travail. Pourtant, parmi les causes multiples, souvent entrecroisées et maintenant identifiées, il pourrait être opportun d’explorer plus particulièrement deux pistes, insuffisamment suivies jusqu’ici.
La première concerne le rôle de l’expert et la seconde va chercher dans la motivation initiale de tout pratiquant. Chacune renvoie aux deux dernières croyances évoquées plus haut :
Procurer une activité vol gratifiante : le meilleur site, les premièrs plafonds et les plus belles ascendances. « Beau vol= bon pro ».
La marque de « l’expert » est la capacité d’agir quand les autres ne le peuvent pas. « Les conditions sont risquées, sauf pour moi ».
Ce qu’on pourrait dénommer « syndrome de l’expert » connaît diverses formes. En matière de biais cognitifs, il consiste à trouver des explications évidentes une fois les faits révélés (expression du fameux « tiercé dans l’ordre après l’arrivée des chevaux »), procurant un sentiment de prédictibilité du milieu souvent très surfait.
Mais le syndrôme de l’expert, c’est aussi la satisfaction, consciente ou non, du besoin de valoriser et légitimer son statut. Pourtant, la formule « Expert méfie-toi, la turbulence ne sait pas que tu es un expert » a circulé dans le monde des pratiquants. Mais lui a-t-on prêté le sens qui l’habite réellement ? Parce que si cet aphorisme exprimait clairement que le risque peut concerner aussi les meilleurs niveaux de pratique, il ne dit rien du « Pourquoi ? ».
Pourquoi l’expert, le pratiquant averti, sont-ils autant exposés au risque alors qu’au contraire, ils devraient, comme leurs équipiers, en être mieux protégés ? Peut-être parce qu’il est profondément ancré dans l’imaginaire montagnard que l’expert, c’est celui qui peut voir ce que les autres ne voient pas, sentir ce que les autres ne sentent pas, aller ou les autres ne vont pas.
La conséquence est que de nombreux pratiquants avertis, cadres professionnels ou bénévoles veulent coller, volontairement ou non, à cette image très gratifiante dans un milieu où le statut et la qualité des réalisations restent, quoi qu’on en dise, une puissante source de reconnaissance. Parfois, c’est le sentiment de devoir se montrer à la hauteur de son statut qui, discrètement, incite à s’approcher des limites…

Plaisir / évitement : quelle posture pour un même milieu ?
 Quant à la motivation initiale du pratiquant, elle est à chercher dans le plaisir que lui procure la pratique. Pas seulement le plaisir de l’esthétique des paysages, de l’efficacité, de la relation entre pairs, dans lequel presque tous diront se reconnaitre. Celui qui nous intéresse, qui fait vraiment vibrer, provient du thermique, du bon raccrochage, de l’émotion que procure le plafond.
Un grand nombre de pratiquants y est sensible. Parmi eux, la plupart conditionne la réussite de leur sortie à la réunion de ces ingrédients et oriente leurs choix d’itinéraires en fonction de la qualité des ascendances qu’ils pourront offrir. Conduit par cette quête, nous réduisons les options en écartant les lieux et sites dont les conditions procureront de trop médiocres sensations.
C’est elle aussi qui nous ouvre au redoutable et bien connu « biais de confirmation ». Celui qui nous fait sélectionner dans l’environnement tous les indices favorables à notre projet, minimiser les autres, et, sur la base d’une pseudo analyse, nous engager sereinement dans des actions souvent très hasardeuses. Des actions qui, en plus d’être rarement sanctionnées, peuvent même être très gratifiantes, ce qui brouille encore les pistes !
Pour d’autres, le plaisir provient d’une démarche différente. Elle consiste à se déplacer dans un milieu connu pour être risqué, en intégrant l’incertitude et en identifiant et contournant les dangers potentiels.
Dans cette stratégie de l’évitement, les cartes sont rebattues à chaque sortie. Quand une nouvelle partie commence, tout est considéré d’un oeil neuf. La préparation et l’action prennent la forme d’un jeu avec les éléments et le terrain dont le plaisir provient du sentiment d’avoir su s’adapter au milieu et y évoluer en maximisant la sécurité. Le plaisir d’une belle tdistance, lorsque-il survient, est alors la cerise sur le gâteau d’une journée de déplacement sur site dont la qualité de vol n’est pas l’élément déterminant.

Le plaisir : jusqu’où ?
Nous sommes ainsi faits que notre quête de plaisir nous incite à en renouveler la provenance et à en augmenter la fréquence et/ou l’intensité. L’enthousiasme avec laquelle de nombreux pilotes se jettent sur les premiers thermiques de printemps en est une illustration. Or, de nombreuses situations procurent un plaisir croissant au prix d’une plus grande exposition au danger : conduite auto ou moto, jeu, sports, pratiques sexuelles, produits stupéfiants…
Les sports aériens n’y échappent pas : nous sommes en admiration devant des performances toujours plus incroyables et envieux des sensations qu’elles procurent à ceux et celles qui les réalisent. Nos pratiques baignent dans ces représentations et nous, professionnels, clients, cadres bénévoles, pratiquants, ressentons, aussi, le besoin d’éprouver à notre mesure, des sentiments comparables et de satisfaire nos besoins d’accomplissement, de progression, de valorisation. Les communicants l’ont d’ailleurs bien compris et savent jouer de ces ressorts psychologiques pour promouvoir l’offre commerciale des acteurs économiques du vol libre.

Eviter, est-ce déchoir ?
Lorsque on s’inscrit dans la stratégie de l’évitement, c’est une conscience aigüe de l’imprévisible qui fonde les choix.  Cette posture génère davantage de contraintes de déplacement, de précautions, y compris lorsque tout laisse croire qu’elles sont disproportionnées. Elle limite davantage le champ de l’action en privilégiant la prise en compte de critères clés élémentaires (dont ceux que même un débutant connaît !) à l’écart des analyses exhaustives et raffinées (Les décisions frugales, G. Gigerenzer, S. Kurzenhauser, 2002).
Elle est moins valorisante pour la personne qui mène la sortie et conduit à davantage de modestie dans ses ambitions et dans l’appréciation de sa propre compétence. S’inscrire dans la stratégie de l’évitement permet de mieux admettre que certains jours, même pour un expert, le vol n’a rien d’autre à offrir que des ennuis. La démarche est moins excitante, moins ambitieuse et on pourrait la croire moins gratifiante… Mais c’est sur elle qu’on construit sans doute les plus durables relations de confiance.
 Il n’est bien sûr pas question de porter de jugement sur ces postures, de les opposer l’une à l’autre ou de stigmatiser tel ou tel pratiquant. Chacun est bien libre de vivre ce dont il a envie en vol, d’autant qu’il est parfaitement possible de passer de l’une à l’autre au gré des conditions. Néanmoins, pour ceux qui s’engagent dans l’encadrement professionnel ou bénévole ou qui, simplement prennent la tête d’un groupe d’amis, la question est déterminante : bien identifier ce qui nous anime fondamentalement permet de mettre au jour le sens réel de nos actions sur les sites de vol.

Une culture du renoncement
On a initié un changement de culture, promu le choix du renoncement et on a eu raison de le faire. Cette démarche est déjà avancée en ce qui concerne la formation des moniteurs de parapente et il faudrait aujourd’hui en évaluer l’efficacité. Six promotions passées à la moulinette d’un cursus repensé dans ce seul but : l’effectif devrait être suffisant pour fournir des données significatives et identifier si la progression attendue en matière de sécurité est bien au rendez-vous.
Mais ce qu’il reste maintenant d’important à accomplir dans le cadre des organisations professionnelles ou fédérales, c’est de faire tomber ces croyances toujours prégnantes et de redéfinir clairement ce qui fonde le statut et le rôle de l’expert. Ceci permettra alors de préciser davantage, de façon très concrète, la nature du message à porter dans toutes les formations de cadres, professionnels ou bénévoles.
Le passage, en aérologie de montagne, de la logique du plaisir à la stratégie de l’évitement, ne changera pas le plomb de l’accident en or de la sécurité absolue. Il ne satisfera pas davantage le fantasme du « zéro décès ». Mais il pourra peut-être modifier les pratiques des cadres et, à terme, celle de tous les pratiquants. Il faudra accepter et promouvoir un renversement d’image, assumer la rupture avec des représentations flatteuses  et interroger individuellement le fondement même de sa motivation.
Y parviendra-t-on ? Peut-être… En tirera-t-on un résultat positif, une baisse progressive et durable des accidents ? C’est à espérer, mais on ne le vérifiera pas avant de s’y être engagé, d’avoir développé les actions nécessaires dans la durée et d’avoir pu en mesurer les effets.

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wowo
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« Répondre #2 le: 07 Décembre 2018 - 00:31:09 »

 +1 au karma  +1 au karma  à tous les deux pour le partage.

Bon après... on dirait du Wowo dans le texte.  Mr. Green

On mieux écrit, c'est vrai, que j'arrive seulement à le penser.  Mr. Green

Mais n'empêche on peut voir dans la "culture du renoncement" un des points clefs de la SIGR (Stratégie Individuelle de Gestion des Risques) cher à Flying'enclume ou encore des BPS (Bonne Pratiques Sécuritaire) concept qui n'est évidemment pas de moi mais que j'avais bien et tenté (sans succès) d'amener aussi ici sur le fofo pour susciter discussions et réflexions.

Ici c'est tellement bien écrit et présenté, autant la version originelle apporté par J-Marc que celle revisitée version parapente proposée par Vincent, que l'on peut espérer que cela bénéficiera d'un acceuil plus positif et intéressé. Il me semble sincèrement que cela le mérite.

Merci pour le partage,

 trinquer
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Le plus beau vol ? Sûr, celui à venir !
MichM
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« Répondre #3 le: 07 Décembre 2018 - 06:35:23 »


le syndrôme de l'expert ?

 hein ?

http://www.parapentiste.info/forum/autres-questions-techniques/gestion-de-la-peur-t52664.0.html;msg662573#msg662573

 
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Édit modo : aurait dû être 🙈🙉🙊
Mosss
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« Répondre #4 le: 07 Décembre 2018 - 08:51:24 »

Bon, étant étiqueté "expert" (je n'aime pas du tout ce terme) puisque que guide de haute montagne et moniteur de parapente, je me permets de réagir.
Il y a très clairement des passerelles entre ces deux activités qualifiées, à juste titre, de "à risques". Par exemple sur les prises de décisions pour savoir si je vais aller mettre mes spatules ou mes stabs dans tel ou tel endroit.
Également aussi le fait qu'on évolue dans un milieu, un élément qu'on ne voit pas. L'air est transparent et la neige, bien que blanche, on ne voit pas ce qu'il y a sous la couche de surface.
Le fait aussi que l'être humain étant ce qu'il est, l'affaire tourne parfois "au concours de bites". Moi aujourd'hui, j'ai skié telle ou telle pente malgré le risque 4, ou fait tel ou tel cross malgré les 30 km/h de sud...

Malgré tout, il y a aussi de vraies differences.
Dans le choix de son aile en parapente par exemple.  J'enfonce un peu une porte ouverte là, mais on sait que bon nombre d'accidents en parapente sont liés à ce point là. En avalanches, avoir des skis plus ou moins larges n'a jamais changé grand chose à la dangerosité de la journée.
Pour le parapente on peut aussi se former en stages de pilotage qui peuvent permettre de rattraper certaines erreurs dans notre analyse de la masse d'air, ou la décision d'aller se mettre sur ce versant.
En mode ski ça n'existe pas!
En parapente certaines aérologies seront accessibles à des pilotes aguerris mais pas à de jeunes pilotes.
En montagne, quand le risque est à 4, c'est aussi dangereux pour un pro que pour n'importe qui d'autre!
Et il y aurait plein d'autres exemples...

Mais au delà de tout ça, on pratique des activités à risque encore une fois. On ne parle pas de tennis.
Et ni la neige, ni l'aerologie ne sont des sciences exactes.
Alors toute politique visant à diminuer l'accidentologie est évidemment louable mais ne permettra jamais d'arriver au zéro accident.
Et pour finir, il y a un paramètre qui n'est pas pris en compte dans l'article évoqué, mais qui me semble essentiel: c'est le nombre d'heures passées en l'air ou à parcourir la montagne enneigée.  Certes toutes ces jounées te permettent d'accumuler de l'expérience mais ce sont aussi un grand nombre de journées passées à évoluer dans un milieu dangereux. Et statistiquement ça t'expose aussi plus à l'accdent.

Mais ce n'est qu'un point de vue et il y a évidemment encore plein de choses à faire évoluer, de domaines dans lesquels progresser...
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Quand c'est bon, n'attends pas que ce soit meilleur!
Nicolas - AirDesign
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« Répondre #5 le: 07 Décembre 2018 - 09:05:18 »


Le fait aussi que l'être humain étant ce qu'il est, l'affaire tourne parfois "au concours de bites". Moi aujourd'hui, j'ai skié telle ou telle pente malgré le risque 4, ou fait tel ou tel cross malgré les 30 km/h de sud...

Malgré tout, il y a aussi de vraies differences.
Dans le choix de son aile en parapente par exemple.  J'enfonce un peu une porte ouverte là, mais on sait que bon nombre d'accidents en parapente sont liés à ce point là. En avalanches, avoir des skis plus ou moins larges n'a jamais changé grand chose à la dangerosité de la journée.
(...)
En parapente certaines aérologies seront accessibles à des pilotes aguerris mais pas à de jeunes pilotes.
En montagne, quand le risque est à 4, c'est aussi dangereux pour un pro que pour n'importe qui d'autre!


Je suis presque d'accord avec toi Mosss.
Presque parce que quand même, le jour à 4, le skieur à 120 au patin qui tirera 3 courbes dans le couloir en effleurant la surface et saura dégager sur l'arête si ça part sera bien moins exposé que celui qui aura tourné 25 virages serrés en appuyant bien jusqu'au fond (et n'aura jamais la vitesse pour dégager si besoin).
Par contre, l'engagement et le risque est différent (surtout si ça ne coule pas).

Edit: essayons le ski pour détourner l'attention de ce forum politique sur lequel les discussions parapente ne prennent pas!  Tire la langue
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Nico
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« Répondre #6 le: 07 Décembre 2018 - 10:46:45 »

Désolé Nico mais tu sais bien que l'avalanche déclenche le plus souvent dès que la pression arrive sur la pente. Ce n'est pas pour rien que l'on saute sur place avant de démarrer pour voir si ça fend.
Moi avec n'importe quels skis si le risque est là, je vais dans les sapins, na...
Ou je redescends à pieds, car je fais de la randovol, le vol n'existe que en dessert. Si j'ai marché, j'ai réussi ma journée.
Tu sais bien qu'on n'a plus l'âge de faire des conneries.
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Là où il y a la volonté, il y a un chemin... Jamais le même en l'air !
Il vaux mieux regretter un vol que l'on n'a pas fait, qu'un vol que l'on a fait !!!
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« Répondre #7 le: 07 Décembre 2018 - 11:08:47 »

Ce n’était pas pour dire que les experts peuvent se mettre dans du 50 par risque 4 ou 5 sous prétexte qu’ils le sont, experts. Mais que je fais gaffe au couloir que je choisis quand je sors avec des potes experts surtout quand je ne me sens pas de tirer droit.
En gros, Jeremy Heitz risque quand même moins de faire partir la face que Jean-Claude Dusse. Et si elle part, saura mieux s’abriter. Chrigel pourra crosser dans les Alpes  par 30 de sud, pas moi!
Juste pour dire par rapport au post de Mosss que l’analogie entre le parapente et le ski peut se trouver là.
L’expert saura profiter de conditions qui seraient dangereuses pour le débutant.
Sans encourager personne à déconner surtout!
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Nico
Guy67
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« Répondre #8 le: 07 Décembre 2018 - 11:50:10 »

...
L’expert saura profiter de conditions qui seraient dangereuses pour le débutant.
Sans encourager personne à déconner surtout!
Je modérais cette affirmation en disant que "l'expert saura profiter de conditions qui lui semblent dangereuses pour le débutant".
Mais question: c'est quoi finalement un expert ?  hein ?
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« Répondre #9 le: 07 Décembre 2018 - 12:46:19 »

C'est le biais cognitif et son côté humain qui met en danger l'expert, comme le conducteur d'une voiture équipée de superbes freins, ABS,... qui lui permet d'avoir un avantage équivalent de 2 ou 3 dixièmes sur un freinage d'urgence va l'inciter à regarder une seconde ou 2 son smartphone régulièrement! Il n'est plus rationnel, et se ment!
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Mosss
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« Répondre #10 le: 07 Décembre 2018 - 14:50:19 »

C'est pas si simple je pense...
Le fait d'avoir un sac air bag aujourd'hui ou il y a quelques années en arrière, le dva (quand ils sont apparus) ont peut être poussé certains à réduire les marges de sécurité. Mais je pense que c'est vrai pour uke toute petite minorité.
Si j'ai 2 secours dans ma sellette aujourd'hui, je ne  vais pas pour autant aller me coller sciemment dans les rouleaux car je sais bien que même sous mon secours, c'est pas la fête du slip...

Ce qui je crois, piège l'expert (au passage pour répondre à la question de Guy 67, c'est quelqu'un de plutôt expérimenté avec pas mal d'années de pratique, professionnel ou pas!), c'est qu'à force d'avoir passé beaucoup de temps sur le terrain ou en l'air, avoir vécu de multiples situations, il a appris beaucoup, c'est indéniable.
Ce qui va le mettre en danger, c'est que fort de ses connaissances/expériences il pourra avoir tendance à réduire ses marges de sécurité. Son expérience va alors jouer contre lui et il va s'autoriser à aller se frotter à des situations plus "chaudes".

Si en plus, comme bon nombre de soi-disants experts il est persuadé d'avoir la plus grosse (et c'est souvent le cas chez cette population!) je vous laisse imaginer l'effet de la combinaison de ces facteurs...

Très clairement chez les guides (puisque c'est l'article de départ) pendant trop longtemps on a poussé vers l'élitisme et la performance. Fort heureusement un virage a été pris pour que la blague "connaissez vous la difference entre Dieu et un guide"(mais ça marche aussi avec un moniteur de ski 😁) devienne obsolète.
Par contre, je n'ai pas eu l'impression que dans la formation de monoteur de parapente il y ait eu ce genre de dérive ultra élitiste...
C'est peut être aussi une question de formateur...
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Quand c'est bon, n'attends pas que ce soit meilleur!
ALPYR
Invité
« Répondre #11 le: 07 Décembre 2018 - 15:46:58 »

Deux des paramètres essentiels qui me semblent négligés chez nous :

Le mythe de l’homme rationnel,... Enfin, construites sur l’analyse et la logique, elles écartaient tous ce que l’esprit humain peut comporter d’irrationnel.
Oui, au final, aussi intelligent soit-on, on se retrouve aussi con que ses émotions. C'est pas l'intelligence ou la rationalité qui font la prise de décision, c'est l'émotionnel profond. Et c'est valable en milieu naturel comme en politique ou en économie.
Mais le syndrôme de l’expert, c’est aussi la satisfaction, consciente ou non, du besoin de valoriser et légitimer son statut.
Je pense que ce besoin de légitimité, de valorisation joue énormément en parapente, au moins auprès des pilotes masculins ! Pour sa propre sécurité, vaut mieux tuer en soi le besoin de reconnaissance et dire que de toute manière on est un mauvais pilote. Être un mauvais te libère.
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Gilles Silberzahn
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« Répondre #12 le: 07 Décembre 2018 - 15:59:20 »

Par contre, je n'ai pas eu l'impression que dans la formation de moniteur de parapente il y ait eu ce genre de dérive ultra élitiste...
C'est peut être aussi une question de formateur...

Pas sûr… Et c'est sans doute parce qu'on reste souvent au sol. Tu n'as qu'à voir comment on en vient vite à se tirer la bourre en bi…

Et puis quand tu pratiques en stage cross, tu te mets souvent une pression de dingue. Pour éviter ça, au briefing du premier jour, je dis souvent : "Je ne suis pas superman, et je serai peut-être posé avant vous…"
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Gilles
Guy67
Invité
« Répondre #13 le: 07 Décembre 2018 - 16:27:25 »

...
Ce qui je crois, piège l'expert (au passage pour répondre à la question de Guy 67, c'est quelqu'un de plutôt expérimenté avec pas mal d'années de pratique, professionnel ou pas!), c'est qu'à force d'avoir passé beaucoup de temps sur le terrain ou en l'air, avoir vécu de multiples situations, il a appris beaucoup, c'est indéniable.
Ce qui va le mettre en danger, c'est que fort de ses connaissances/expériences il pourra avoir tendance à réduire ses marges de sécurité. Son expérience va alors jouer contre lui et il va s'autoriser à aller se frotter à des situations plus "chaudes".
...
Si l'expérience menait à se frotter à des situations (toujours?) plus chaudes, il y aurait moins de souci pour financer l'assurance vieillesse !
Avec le temps on aura plutôt tendance à augmenter ses marges (je ne parle pas du physique); c'est la connaissance qui le permet.
Quand je vois des "experts" se mettre sous une avalanche le lendemain d'une grosse chute de neige, je me demande ce que c'était cette "expertise" ?  Est-ce la sur-confiance, de la prétention, de l'égo, de l'intérêt personnel ?
En effet, ce n'est pas si simple.


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« Répondre #14 le: 07 Décembre 2018 - 17:57:58 »

Effectivement, les facteurs humains jouent un rôle vraiment important. Et bien heureusement ça commence à être pris en compte.
Car on s'est rendu compte qu'une même personne, face à une même situation donnée pourra prendre des décisions complètement différentes selon son état psychologique du moment.
Par exemple, si tu t'es engueulé avec ta femme le matin en partant, si tu veux impressionner la belle nana qui est dans le groupe avec toi aujourd'hui, si tu as besoin de sous en ce moment...

Enfin bref, rien de simple vu la multitude de facteurs...
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« Répondre #15 le: 07 Décembre 2018 - 18:08:32 »

Effectivement, les facteurs humains jouent un rôle vraiment important. Et bien heureusement ça commence à être pris en compte.
Car on s'est rendu compte qu'une même personne, face à une même situation donnée pourra prendre des décisions complètement différentes selon son état psychologique du moment.
Par exemple, si tu t'es engueulé avec ta femme le matin en partant, si tu veux impressionner la belle nana qui est dans le groupe avec toi aujourd'hui, si tu as besoin de sous en ce moment...
Enfin bref, rien de simple vu la multitude de facteurs...

Ce problème des facteurs humains est bien réel dans notre activité comme dans beaucoup d'autres d'ailleurs.

Exemple parmi d'autres : il m'est déjà arrivé de décider de ne pas décoller (après être pourtant monté au décollage à pied pour ça !) au vu de conditions dans lesquelles cela m'était arrivé plusieurs fois avant de décoller en sécurité à mes yeux.

Fatigue particulière ? Soucis professionnels ou familiaux ? Baisse de motivation ? Autre raison ?
Toujours les facteurs humains...  hein ?

Marc
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« Répondre #16 le: 07 Décembre 2018 - 18:44:02 »


Mais question: c'est quoi finalement un expert ?  hein ?

j'aime bien cette définition (je sais plus de qui)
l'expert d'aujourd'hui explique en quoi celui d'hier s'est trompé

(on peut le vérifier en nutrition, écologie (diesel hier meilleur que l'essence) clown , éoliennes, capteurs solaires, etc, etc...)
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« Répondre #17 le: 07 Décembre 2018 - 18:45:47 »


Mais question: c'est quoi finalement un expert ?  hein ?

j'aime bien cette définition (je sais plus de qui)
l'expert d'aujourd'hui explique en quoi celui d'hier s'est trompé

(on peut le vérifier en nutrition, écologie (diesel hier meilleur que l'essence) clown , etc, etc...)
Ce n'est pas pour me déplaire   pouce
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« Répondre #18 le: 07 Décembre 2018 - 21:34:16 »

Ok avec ça, surtout que je n'ai aucun doute à propos de ton sérieux, de ta conscience des risques en général et aussi de ton humilité dans tes pratiques :

[...]
Exemple parmi d'autres : il m'est déjà arrivé de décider de ne pas décoller (après être pourtant monté au décollage à pied pour ça !) au vu de conditions dans lesquelles cela m'était arrivé plusieurs fois avant de décoller en sécurité à mes yeux.
[...]

Mais la vraie question est :

T'est-il jamais arrivé de décoller dans des conditions que normalement tu aurais trouvé inadaptées ?

 trinquer
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