Durant l'été 2018 j'ai eu le plaisir d'essayer grâce à Vincent/Alpyr une Q2 ML (ptv max 108 de mémoire chargée à ~112), j'en avais écrit un C-R à l'intention de Vincent avec qui j'ai eu le plaisir d'échanger à propos. Échanges qui m'ont permit d'affiner ma vision sur mon niveau et ma pratique perso, MERCI encore une fois à lui. Alors ci-après ce compte-rendu avec quelques ajustements rapport à l'original :
3 vols avec des durées entre 2 et 3 heures dans des conditions thermiques encore fortes pour l'époque de l'année mais surtout assez turbulentes du fait d'une tendance Nord - Nord-Ouest marquée. [...]
À noter aussi que des vols en biplace sont venus à chaque fois s'intercaler entre les vols avec la Queen 2 et cela me perturbe toujours un peu mes ressentis en début de vol solo [...], j'en tiens compte dans mon compte-rendu[...]
Je ne m'étends pas sur la fabrication, c'est moins chiadé qu'une Advance mais bien mieux que beaucoup d'autres.[...]
D'entrée, l'aile m'a étonné et fait une forte impressions par sa vitesse et ses perfs ressenties mais aussi par la sécheresse dans la transmission des infos sur la masse d'air à travers les élévateurs. Mais revenons au début de tout vol, le décollage.
Elle se met en forme un peu lentement, de façon plutôt homogène avec une élévation régulière qui s'accélère en arrivant au zénith, nécessitant une tempo mais sans faire preuve d'une vraie exigence de précision dans l'action. Les décos se sont tous fait avec une brise assez faible mais travers. Elle se laisse assez facilement gérer au niveau lacet et ne travaille pas trop en roulis. Les prises en charge ne sont pas ultra-rapides mais efficaces tout de même si on arrive à la bonne vitesse avant de quiter le sol.
Je n'ai pas eu l'occasion entre biplaces, famille, météo, etc. de vraiment travailler au sol.
En vol ce qui surprend tout de suite, c'est l'impression de vitesse et de tenue de cap. J'y reviens plus loin.
Puis c'est la courbe d'action des commandes (tension dans les drisses et résultats dans l'action pilotage) qui m'a surpris. De prime abord j'ai pensé à un réglage de garde extrêmement long. La vérification m'a tout de suite montré qu'il n'en était rien. Qu'en fait, c'était vraiment un diagramme d'efforts des commandes et réactions aux actions de pilotage d'un genre nouveau pour moi qui m'induisaient en erreur. Les ~15 premiers cm après garde se laisse tirer étonnamment sans ou du moins avec très peu de force mais aussi avec assez peu de réactions au niveau de la voile. Ensuite tout se joue en termes de pilotage sur un peu plus de 5, au maximum 10 cm mais avec vraiment beaucoup de tension. Ma 1ere réaction fût le tour de frein pour effacer 10 cm voire plus longueur de drisse, du coup les drisses autour des doigts pincent sévèrement. Au fil du temps de vol, j'ai de mieux en mieux intégré cette caractéristique et en suis revenu à ma prise usuelle des commandes (dragonne sans le pouce et 1/2 tour de la poignée) Malgré ce flou dans la tension que j'ais ressenti tout au long des vols, le virage m'est apparu très précis et efficace (du coup aussi étonnant car je ne l'aurai pas cru possible tellement cela me paraissait antagoniste)
Dès le 1er thermique un peu costaud, c'est la transmission de la masse d'air que j'ai trouvé très sèche qui m'a surpris. Au début j'ai pris sur moi en me disant que c'est mon ressenti "normal" après biplace. Mais là aussi la suite des vols m'a prouvé que pas que, que vraiment c'est une caractéristique de la voile. Caractéristique qui dans mon cas perso était sans doute renforcée par le flou que je ressentais dans les commandes en vol "juste au contact" et qui m'empêchait de percevoir d'abord dans les commandes les turbulences. Probable qu'avec 50 heures de vol en plus, cette sécheresse de transmission serait elle aussi plus intégrée. Là pour l'occasion, cela avait pour résultat de me fatiguer sur le plan psychique et même physique. Pour autant, tourner et monter en thermiques forts et pas très régulier étaient très efficace car la voile tourne de façon très stable et avec une plume extérieure solide.
Ce qui me paraissait aussi intéressant, c'était sa façon de plonger plutôt que de buter sur le thermique costaud. Cela demande aussi un peu d'acclimatation pour enrouler correctement derrière dans le bon timing. Mais cela m'est venu très vite [...]
Dans des ascendances faibles, cela n'était évidemment pas de mise (la sécheresse de transmission par les élévateurs) le flou des commandes si, mais là encore une fois sans diminuer l'efficacité de l'aile à les exploiter. Elle tourne avec peu ou beaucoup d'inclinaison, agile et stable à la fois et ça avec une excellente Vz. Vraiment très efficace surtout compte tenu de la charge alaire et de mon positionnement dans la fourchette PTV.
En vitesse et finesse elle est épatante au "contact" et aussi en accélérant jusqu'après le 1er barreau. Le 2ème barreau est jouable rapport à ce que je connais bien en dégradant alors déjà sensiblement plus.
Elle donne une impression de solidité au contact et largement jusqu'après le 1er barreau voire plus loin, elle apparaît vraiment très tendue, mais...
J'ai tenté des fermetures et (ce n'étais pas vraiment une surprise) elle ferme pas facile et claque fort à la réouverture sans aucun prémices de cravattes et assez peu de brutalité dans le changement de cap en asy. du moins bras haut, j'ai fait une tentative au 1er barreau et là cela décoiffait déjà nettement plus, du coup j'ai pas osé à fond avec le peu d'expérience avec.
Avis non exprimé dans mon CR originel ; il n'y a pas à douter que cette aile comme d'autres EN-C de dernière génération est capable de restituer quand elle ferme, beaucoup de l'énergie qui la rend par ailleurs si efficace tant qu'elle est dans son domaine de vol. Ce n'est évidemment pas la seule et il n'y a pas forcément besoin de viser les EN-C pour cela...En 3.6, rien de spécial à noter. Les oreilles flappent beaucoup sans cravatter mais ne se réouvrent pas rapidement sans un coup de frein (ou 2) profond.
Des Wings un peu Over, j'ai pas fait car avec le flou ressenti dans les commandes je ne me sentais pas fiable dans le timing avec si peu de temps de vol avec.
Mes tentatives d'aller chercher le décro se sont limitées pour les même raisons, je n'étais pas convaincu de trouver le point de marche arrière tout de suite. Le decro me semble venir assez radicalement, sans phase parachutale et assez tôt dans le débattement mais en prévenant assez pour ne pas s'y retrouver sans le vouloir à moins d'être vraiment bourin. Mais pour ces derniers, le risque de surpilotage me semble tout de même assez présent. Quand je sentais le début de la bascule venir, ma remontée de mains jusqu'au poulies ne provoquait pas d'abattée à faire peur pour qui en a déjà vécu (des qui font peur)
Pour résumer : elle m'a donné l'impression d'être performant et même d'être efficace sous elle mais en m'apparaissant assez fatiguante (plus nerveusement que physiquement d'ailleurs). Je pense qu'en termes de performances elle se situe tout en haut du panel d'ailes de la catégorie pour celui qui a la forme psychique et physique. Dans mon état du moment et dans des conditions toniques, elle m'amènerait certainement à ecourter des vols par fatigue, à moins que l'acclimatation aidant, je me fasse aux deux seul vrais "défauts" que je lui trouve ; La sécheresse de transmission des infos de la masse d'air au-travers des élévateurs et la caractéristique de son diagramme efforts/actions des commandes. Peut-étre que la taille au-dessus assouplirait la transmission par les élévateurs mais cela risque, je pense, de ne pas améliorer mon ressenti "flou" des commandes dans les 1ers décimètres de courses.
Aucune aile n'est parfaite dans tous les cas.
C'est toujours une question d'adéquation aile/pilote/conditions usuelles de vol. Si j'étais en phase de changement de matos, je l'incluerai assurément dans le panel des ailes qui pourrait m'intéresser avec aussi l'idée d'essayer alors la taille au-dessus et/ou le modèle dans la catégorie en-dessous car du coup, après cet essai, je ne peux m'empêcher de réfléchir pourquoi j'aurai besoin d'une aile aussi performante (et avec les exigences "normales" qui vont avec) rapport à mes ambitions de pilotes. J'avais déjà eu cette réflexion après l'essai de la M6 et d'autres avant de me décider finalement pour ma S9.
En fait, il me semble que l'on vit une réelle élévation du niveau des machines dans leurs catégorie (de EN-A à EN-D) mais que cela ne se fait pas (comme pourrait le laisser croire le marketing) par juste une élévations des perfs. Non cela s'accompagne indéniablement par une élévation des exigences faites au pilote même si ces nouvelles ailes arrivent à rester dans leurs catégories d'homologation. Même si elles sont très solides aux fermetures, leurs performances s'appuyent sur la gestion par construction de l'énergie et quand elles ferment (par ex.) leur construction n'est plus là et... tout me semble possible. (
ce passage n'était pas mis en gras dans le CR originel mais ici cela me semble être le plus prégnant pour répondre pertinemment au questionnement de Flyin Matmute)
[...]
[...]
Un point que j'ai omis, le pilotage aux B-C (ou C-B, comme on voudra) Je n'en suis pas particulièrement friand/convaincu en temps normal comme déjà dis sur le fofo. Là pour le coup, je l'ai trouvé plutôt efficace et agréable aussi sans doute du coup mes capteurs mains/bras me renseignaient à nouveau plus que mes fesses.
Il me paraît probable que des pilotes plus jeunes, éduqués dans une ambiance plus élitiste, ressentent ou à minima interprètent leurs ressentis différemment. [...]
Là ou je suis totalement d'accord, c'est ce sentiment d'avoir entre les mains (et sous les fesses) un engin plus typé compet. que loisir-performant.
Dans tous les cas une expérience intéressante qui m'a (déjà) donné à réfléchir sur mon futur jouet.
Si cela peut donner des pistes de réflexions rapport à cette aile qui est assurément une réussite et aussi l'outil pour le pilote qui en a les capacités et compétences.
Perso, si je suis resté dubitatif sur l'adéquation Q2/moi, j'ai gagné la certitude de l'intérêt à porter aux produits distribués par Alpyr pour le professionnalisme doublé (je n'en doute pas sans plus le connaître) par de vraies qualités humaines de son dirigeant, Vincent Busquet.